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Le dialecte berbère de l’Aurès nommé tacawit en
berbère, chaouia en arabe et en français, est le deuxième dialecte berbère
d’Algérie après le kabyle par le nombre de ses locuteurs...
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Le nombre précis des locuteurs du chaouia n’est pas connu avec certitudes. Cependant, On pourra évaluer le nombre de locuteurs du chaouïa au minimum à deux millions personnes.
Le chaouia se subdivise en divers parlers qui semblent correspondre aux entités tribales traditionnelles. Ces parlers sont très proches de ceux du reste de l'Algérie du Nord – notamment ceux de la Kabylie et ceux du Chenoua, avec lesquels l'intercompréhension est immédiate.
Le chaouia est un dialecte spirant comme l’ensemble des dialectes berbères, du Moyen Atlas à la Tunisie. Il fait partie du groupe des dialectes dits « zénète » avec lesquels il partage certains nombres de traits phonétiques et morphologiques caractéristiques et un stock lexical important.
Le premier élément pertinent est un ensemble de traits phonétiques et morphologiques, communs à plusieurs autres dialectes berbères Nord, dont le plus caractéristique est pour le chaouia la spirantisation de /t/ (> [q]), qui aboutit fréquemment au simple souffle (laryngale) [h] ou disparait totalement.
Le second trait, sans doute le plus caractéristique du chaouia, est son lexique ; il reflète la diversité des parlers locaux. Le chaouia est, avec le chleuh, le dernier des grands dialectes berbères dont le lexique reste mal connu et pour lequel on ne dispose pas d’un bon dictionnaire (les outils disponibles : Huyghe 1906 & 1907, sont très anciens et lacunaires).
Si l’on compare le lexique du chaouia à son voisin kabyle, malgré leur proximité géolinguistique étroite (chaouï/kabyle = + 150 termes communs, soit 75% Chaker 1984), on note deux faits marquants :
- Le pourcentage d’emprunt à l’arabe (Dieleman 1994 : 28.5 % et Chaker 1984 : 35%) est inférieur à celui du kabyle (Chaker 1984 : 38 %). En fait plusieurs lexèmes fondamentaux, empruntés à l'arabe en kabyle, sont restés berbères en chaouia.
mot
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chaouia
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kabyle
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cheval
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yis
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aɛudiw
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mort
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tamettant
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lmut
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or
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ureɣ
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ddheb
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argent
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aẓref
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lfeṭṭa
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- L’existence d’un stock lexical commun avec les dialectes dit « zénètes » (Mzab, Ouargla, Chenoua, Rif …) ou de l’aire tamazight (Maroc central).
Malek Boudjellal - Plus de détails dans : Aurès (Encyclopédie berbère, fascicule VIII, 1990 : p. 1162-1169)
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