Ce livre captivant décrit les rites et coutumes qui, chez les paysans berbères d'Algérie, accompagnent le déroulement de l'année agraire. « Les Portes de l'année » - « Tibbura n useggas », c'est le nom kabyle des solstices et des équinoxes qui ouvrent les saisons et jalonnent le cours du temps. Dès les premières pages de ce livre, comme sous le pic d'un archéologue patient, c'est toute une civilisation inconnue qui nous est révélée. Les Gestes de tous les jours des paysans d'Algérie nous expliquent les secrets qu'ont jalousement gardés les initiés de l'Antiquité méditerranéenne.
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La thèse de l'auteur, fin connaisseur des traditions et de la civilisation berbère, est de mettre en évidence la persistance chez les Berbères d'Afrique du Nord d'une tradition méditerranéenne remontant à l'antiquité. Les rapprochements qu'il établit sont frappants. Ce que nous pouvons connaître, à travers une tradition littéraire, des cultes archaïques de la Grèce concernant les morts, la fécondité, la fertilité, nous le retrouvons perpétué à travers les gestes symboliques des paysans algériens. Par confrontation avec ce contexte vivant, les symboles s'éclairent d'une lumière nouvelle.
Ainsi la grenade que portait à la main Héra, déesse du mariage, trouve tout son sens de fécondité dans « l'humble geste de la paysanne kabyle agenouillée au-dessus de son foyer, mangeant la grenade du premier sillon pour que les graines de ses entrailles soient fécondées par l'Invisible » (p. 120).
Ainsi l'égide d'Athéna, dont l'origine libyenne est attestée, ne serait autre que l'écharpe de grosse laine (mais anciennement de peau de chèvre) que les femmes drapent sur leurs épaules, et qui est associée aux rites de pluie, car elle est « humide des outres ruisselantes ou des jarres pleines d'eau portées sur le dos des femmes » (p. 187).
Lorsque la femme du laboureur, le jour de l'inauguration des labours, suit son mari en portant sur la tête un van contenant une lampe allumée et des objets symbolisant les nourritures et la prospérité de la maison, nous sommes convaincus que « le van, c'est le licnon de Déméter... La lampe allumée, c'est le kernos que les femmes portaient sur leur tête à Eleusis pendant les Grands Mystères, avec des fruits et des graines » (p. 117).
Dans la mythologie Grecque :
Van : est un instrument agricole servant à séparer la paille du grain
Licnon : est un type de van mystique
Kernos : est un vase à offrandes
Démétr : est la déesse de l'agriculture et des moissons
Eleusis : est une ville de Grèce
Athéna : est la déesse de la Raison, de la Prudence et de la Sagesse.
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