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samedi 6 avril 2019

Kker a mmi-s umaziɣ

Ce poème de combat, composé en 1945 par Idir Aït-Amrane (1924-2004), appartient à la veine
« berbéro-nationaliste » kabyle des chants de marche du mouvement de jeunesse nationaliste des années 1940-1950. À cette période, de très jeunes militants algériens indépendantistes chantaient la patrie future en langue berbère et en revendiquaient les racines berbères. Pensé et composé dans le cadre de la lutte anticoloniale, ce poème est devenu au fil du temps, de par son contenu et ses références, un véritable « hymne national berbère »...

Le texte, très ambivalent, permettait en effet aussi bien une lecture nationaliste algérienne qu’une lecture berbériste, transnationale (« du Sahara occidental à Siwa »). Tous les repères historiques y font référence à des héros berbères de l’Antiquité, Massinissa et Jugurtha – donc à la période anté-islamique et non-arabe –, et la revendication de la langue berbère y est posée comme fondement de l’avenir de la patrie.

Ce courant, fortement implanté dans la Kabylie des années 1940-1954 et en émigration (qui était alors très majoritairement kabyle), sera bien entendu balayé par l’arabo-islamisme dominant du mouvement nationaliste algérien (MTLD puis FLN) et laminé pendant la guerre d’indépendance.

Ces textes (plusieurs dizaines) seront des graines qui germeront après l’indépendance (1962) et seront largement repris et popularisés par la militance berbère. Plusieurs ont été interprétés par de grands chanteurs kabyles (Ferhat, Matoub…).


1 A nerreẓ wala a neknu, « Nous nous briserons plutôt que de plier », célèbre vers du grand poète kabyle de la fin du 19e siècle, Si Mohand, rejetant toute soumission au nouvel ordre (colonial) établi.
2 Targa zegg°aɣet, « Vallée, rivière rouge » = Rio de Oro, Sahara occidental anciennement espagnol, annexé par le Maroc. Siwa, oasis égyptienne, est le point le plus oriental de la berbérophonie. Ce vers renvoie donc à l’ensemble du territoire historique des Berbères, de l’Atlantique au désert égyptien.

On notera qu’il existe plusieurs versions de ce chant, présentant des divergences parfois importantes : comme cela apparaît très clairement dans sa version de 1954 et dans son mémoire de 1992, l’auteur a eu tendance à réécrire ses textes en fonction du contexte politique et des évolutions de la codification, graphique et lexicale, de la langue ; les versions orales collectées auprès des témoins et acteurs de l’époque sont, elles aussi, tout naturellement, assez variables. Nous reprenons ici le texte de la seconde version de l’auteur, celle de 1954. En la matière, la source la plus sûre est sans conteste celle de M. Benbrahim (1982) qui a réalisé un travail d’enquête approfondi et a pu interroger la plupart des survivants de cette période.

Présentation, notation du texte et traduction établies par Salem Chaker.



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